Fernand Deligny (1/7). Un portrait


Analyse de l’ouvrage de Catherine Perret Le tacite, l’humain – Anthropologie politique de Fernand Deligny (Seuil, 2021), à partir de la présentation que j’en ai faite en présence de l’autrice à l’association de psychanalyse Encore le 20 juin 2024.

Catherine Perret est professeur d’esthétique à l’Université Paris VIII, formée en philosophie, et psychanalyste. Elle annonce d’emblée dans ce livre que la pratique de Fernand Deligny (1913-1996) ne relève pas de la psychanalyse, et que l’étude de son dialogue avec celle-ci n’est pas son objet car cette étude serait moins intéressante pour l’expérimentation qu’il a menée que pour la psychanalyse elle-même. Ce qui nous laisse pour le moins sur notre faim.

Il n’en reste pas moins que ce dense portrait de Fernand Deligny m’a semblé remarquable. Ses réflexions me semblent particulièrement actuelles sous deux aspects :

– D’abord la notion d’ “aide” apportée aux marginaux, aux enfants en rupture sociale, aux jeunes délinquants, aux incasables, aux enfants dits « arriérés » ou autistes, qui auraient tous en commun d’être exclus d’un système, c’est-à-dire de subir la violence des exigences de la société et de ses symboles, d’en être les résidus, les restes, le « détriment », selon la formule de Deligny.

– Le second aspect, c’est le travail qu’il a effectivement mené pour aider ces jeunes et retrouver avec eux un milieu commun, en particulier par l’usage d’outils et de techniques, telles que la caméra ou, dans les Cévennes, la réalisation de cartes sur lesquelles sont figurées les déplacements, les “lignes d’erre”, des enfants autistes qu’il accompagne.

Cette pratique, enfin, révèle ce que Deligny appelle une « anthropologie politique », terme que le sous-titre de l’ouvrage assume mais précise par l’adjectif « infra-politique », et qu’il s’agit d’interroger.

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